9-10 novembre 2008

Participation du CERCLE POLAIRE à la conférence ministérielle co-organisée par la Présidence française du Conseil de l’Union européenne et la Principauté de Monaco : "L’Arctique : un observatoire pour relever les défis des changements environnementaux". Le think tank français Le Cercle Polaire et le Programme arctique du WWF sont les seules organisations à réclamer la prise en considération des problèmes liés à la gouvernance de l'Arctique.


Communiqué AFP du 8 novembre 2008

PARIS (AFP) — La présidence française de l'Union européenne organise une conférence internationale sur l'Arctique les 9 et 10 novembre à Monaco, avec pour objectif de renforcer la protection de cette fragile région du globe, particulièrement menacée par le changement climatique.

Le réchauffement fait fondre de plus en plus rapidement la banquise, menaçant la faune marine et terrestre de cette région, et entraînant une montée générale du niveau des océans de la planète.

Par ailleurs, l'Arctique suscite un intérêt accru pour ses réserves potentielles de gaz et de pétrole et est le théâtre d'enjeux géostratégiques entre les pays riverains.

L'Union européenne avec trois Etats --Suède, Danemark et Finlande-- et ses associés --Islande et Norvège-- représente plus de la moitié des membres du Conseil arctique, leurs partenaires étant la Russie, les Etats-Unis et le Canada.

La région pourrait receler près de 20% des réserves mondiales de gaz et de pétrole à découvrir, suscitant l'appétit des Américains comme des Russes.

La France, active en matière de recherche en milieu polaire avec l'Institut Paul Emile Victor, a souhaité organiser cette conférence dans le cadre de sa présidence de l'UE, avec la principauté de Monaco, qui porte un intérêt particulier aux questions polaires.

Les états membres du Conseil arctique ou ceux ayant des activités scientifiques dans cette région (Chine, Inde, Japon, Corée du sud) seront représentés à Monaco.

Tous n'ont pas la même perception de la menace climatique: pour certains, la fonte des glaces permet aussi d'entrevoir une réouverture du trafic maritime dans le grand nord.

Pour la première fois cette année, une expédition scientifique en Arctique, "Polarstern", a pu emprunter les passages du Nord-Ouest --le long de l'Amérique-- et du Nord-Est --le long de la Russie-- sans avoir dû briser la glace pour se frayer un chemin.

Les préoccupations de la présidence française de l'UE sont essentiellement environnementalistes et liées au climat.

"Nous ne sommes pas des riverains. La porte arctique de l'UE n'est pas très large", fait remarquer Laurent Stéfanini, ambassadeur délégué à l'environnement, justifiant cette approche purement scientifique.

La conférence de Monaco vise d'abord à dresser un état des lieux de la recherche environnementale en Arctique.

Il s'agit également de sensibiliser l'opinion publique sur l'urgence à agir pour protéger l'Arctique des dommages causés par la dégradation de l'environnement.

Après une session consacrée aux discussions entre experts, une réunion ministérielle doit se tenir le deuxième jour sous l'égide de Jean-Louis Borloo, le ministre français du Développement durable.

A cette occasion, un appel devrait être lancé pour un renforcement des efforts de recherche scientifique avec notamment la mise en réseau des différentes stations d'observation de l'Arctique.

Le Parlement européen s'est prononcé en octobre pour l'adoption d'un traité international pour protéger l'Arctique, selon une résolution défendue par l'ancien Premier ministre socialiste français Michel Rocard.

"Il est essentiel de donner un statut juridique à l'Arctique, qui fait partie des biens communs universels. Il y a des enjeux colossaux, géostratégiques et de biodiversité qui se jouent", commente pour l'AFP le lobbyiste écologique Nicolas Hulot.

Les députés français ont adopté également en octobre une disposition introduisant la protection de l'océan arctique dans le projet de loi relatif au Grenelle de l'environnement.

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Communiqué AFP du 10 novembre 2008

MONACO (AFP) — La présidence française de l'Union européenne a lancé un appel lundi à Monaco pour un renforcement de la coopération scientifique internationale dans l'Arctique, un premier pas prudent vers une protection de cette fragile région menacée par le changement climatique.

Il faut qu'il y ait un système de recherche unifié", a indiqué Jean-Louis Borloo, le ministre de l'Ecologie, représentant la présidence de l'UE lors d'une conférence internationale organisée avec la principauté de Monaco.

L'Arctique fait l'objet de nombreux programmes de recherche dans divers pays mais "pour autant ces recherches ne sont pas coordonnées", a souligné le ministre.

"Il n'est pas imaginable qu'il y ait des données scientifiques connues et non partagées", a-t-il estimé. "Nous allons mettre les moyens nécessaires pour qu'il y ait ce réseau mondial d'informations", a-t-il assuré.

Il s'agit de faire de l'Arctique un "observatoire" capable de relever les défis environnementaux avec la mise en réseau des différents centres polaires.

"Avec l'Arctique, on a un laboratoire pour mieux comprendre ce qui se passe avec le climat mais il n'est pas assez bien exploité", commente le climatologue français Jean Jouzel.

Par exemple, "on constate une accélération préoccupante de l'écoulement des calottes glaciaires" qui va provoquer une montée du niveau des océans mais "on ne sait pas assez modéliser" pour pouvoir donner une estimation maximale du phénomène, explique-t-il.

Les scientifiques espèrent que ce soutien politique pourra donner un nouvel élan à la recherche au delà de l'année polaire internationale qui s'achève en mars 2009.

Car la recherche est coûteuse dans ces régions aux conditions climatiques extrêmes.

"Il n'y a pas assez de satellites et de stations d'observation", souligne Dorthe Dahl-Jensen, climatologue de l'institut Niels Bohr (université de Copenhague, Danemark).

Cette approche purement scientifique de l'avenir de l'Arctique a paru timorée à certains qui plaident pour la mise en place d'un traité international de protection.

Ainsi, Laurent Mayet, président de l'ONG Le Cercle Polaire, doute qu'un simple dispositif de coopération scientifique puisse conduire à un système de gestion de l'environnement arctique "dans la mesure où les querelles de souveraineté se font de plus en plus fortes".

L'UE doit compter avec les géants que sont les Etats-Unis, la Russie et le Canada, pays riverains de l'Arctique, vivement intéressés par ses réserves potentielles de gaz et de pétrole.

Le poids de l'UE n'est cependant pas négligeable: elle représente plus de la moitié des membres du conseil arctique avec la Suède, le Danemark et la Finlande, et ses associés (Norvège et Islande).

La question d'un éventuel traité sur la protection de l'Arctique ne se posera qu'après la conférence des Nations unies sur le climat prévue à Copenhague en décembre 2009, a indiqué Jean-Louis Borloo, jugeant que "mettre en place de nouveaux outils pourrait créer des tensions inutiles".

L'explorateur Jean-Louis Etienne propose de son côté de faire de l'océan glacial arctique une "zone d'intérêt commun pour l'humanité".

Contrairement à l'Antarctique, l'Arctique n'est pas protégée par un traité international.

Le Parlement européen s'est prononcé en octobre pour l'adoption d'un traité international pour la région, selon une résolution défendue par l'ancien Premier ministre français Michel Rocard.

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