2ème Assemblée générale du programme européen ACCESS

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2ème Assemblée générale du programme européen ACCESS

Vilanova i la Geltru (Espagne), 6-8 mars 2013

Les représentants des 27 participants au programme européen ACCESS(universités, instituts scientifiques, ONG et centres de recherche de 10 pays européens incluant la Russie) se sont réunis pour la troisième fois depuis mars 2011 lors de la deuxième assemblée générale d’ACCESS, du 6 au 8 mars 2013.

Les réunions de ce 7ème Programme Cadre de la Commission européenne s’est tenue dans les locaux de l’Université polytechnique de Catalogne (membre du consortium ACCESS) à Vilanova i la Geltru, à quelques kilomètres de Barcelone, sur l’invitation de l’équipe municipale et à l’initiative de Michel André, directeur du Laboratoire de Bioacoustique Appliquée de l’Université Polytechnique de Catalogne. Le Cercle Polaire, unique ONG du programme ACCESS, était représentée par Stéphane Hergueta, membre fondateur du Cercle Polaire et Alice Besacier-Picard, étudiante en relations internationales à l’Université Panthéon Sorbonne et responsable de projet au Cercle Polaire pour les questions relatives aux communautés autochtones.

Ouverture de la 2e Assemblée Générale d’ACCESS a Villanova i la Gentru en présence de Mme Neus Lloveras i Massana, maire de Villanova, le directeur du campus sud de l’université polytechnique de Catalogne et un représentant du Gouvernorat de Catalogne – © Le Cercle Polaire


Cette réunion fut l’occasion d’évaluer les avancées réalisées, de soulever de nouvelles questions et d’échanger dans le cadre d’un dialogue constructif. Les trois jours d’assemblée générale, auxquels s’est ajouté une journée préliminaire de dialogue transversal et de réunions internes à chaque groupe de travail (work package ou « WP »), s’est organisée autour de trois modes d’intervention et d’échanges : des interventions en séance plénière sur des thèmes trans-sectoriaux (la façon dont ACCESS interagit avec le Conseil Arctique, les programmes SEARCH et ISAC, l’Union européenne, les représentants des peuples autochtones), des présentations à l’ensemble des participants des travaux effectués et en cours de chacun des groupes de travail, et des moments d’échanges dynamiques et constructifs en groupe restreint autour d’un thème transversal donné (breakout session) ou autour des posters élaborés par les participants (poster sessions).

Les responsables de la coordination des travaux, des questions de gouvernance et de synthèse du projet (WP5) ont insisté tout au long de l’assemblée sur l’importance de la mise en commun des résultats pour dialoguer et créer les indicateurs les plus pertinents afin d’évaluer le changement climatique. Ils ont également mis l’accent sur l’utilisation d’outils variés pour renforcer le dialogue entre les différents chercheurs et groupes de travail. Au moyen de réunions plus fréquentes et mêlant les différents groupes de travail, de newsletters thématiques, de policy briefs, ou de la diffusion de documents de travail internes, les thèmes transversaux aux groupes de travail déjà établis sont mis à l’honneur dans la perspective de rédiger, à terme, la synthèse du projet ACCESS. Les accidents et catastrophes (plus particulièrement les déversements de pétrole), la question des passagers, et la pollution atmosphérique ont notamment émergé lors des discussions comme des thématiques transversales heuristiques. Le Cercle Polaire a également proposé d’y ajouter la question des communautés autochtones, affectées par l’ensemble des questions des quatre premiers groupes de travail (le changement de l’environnement arctique, la navigation en eaux arctiques, les pêches et les activités extractives).

A l’occasion des posters session et d’une intervention en séance plénière, le Cercle Polaire a présenté les trois rapports qu’il a à sa charge au sein du WP5 sur la gouvernance : le premier rapport a trait aux dispositifs juridiques de règlementations des nouvelles pêches dans l’Arctique, le second étudie les différentes problématiques que soulève la chasse au phoque par les autochtones, et le dernier porte sur l’implication effective des communautés autochtones dans les processus de règlementation et de développement de l’Arctique à construire.

ACCESS-AG2013 2-700Inuuteq Holm Olsen, ancien député et ministre du Groenland, membre du comité consultatif d’ACCESS – © Le Cercle Polaire


Si les opportunités et problèmes relatifs aux pêches dans l’Arctique ont été très présentes dans les discussions, les communautés autochtones ont été plus rarement mentionnées. Il faut néanmoins souligner l’intervention sans fioritures d’Inuuteq Holm Olsen, ancien ministre-député au Département des Affaires Etrangères du gouvernement de Groenland et membre du Comité consultatif d’ACCESS, fort éclairante pour l’ensemble des participants sur la nécessité absolue d’interagir avec les communautés autochtones, de leur donner la parole et de la respecter dans la pratique. Les différentes prises de parole d’Anna Stammler-Gossmann, anthropologue Saami, représentante du Centre Arctique de l’Université de Laponie en Finlande dans le programme ACCESS ont également témoigné du manque de prise en compte des positions des autochtones dans la gouvernance arctique, ainsi que de l’absence physique de leurs représentants à Vilanova du fait de restrictions budgétaires et de problèmes logistiques qui ne permettent pas de les inviter à ce type d’assemblées.

Ces interventions, combinées à la présentation orale et à l’affichage du poster du Cercle Polaire, ont suscité un débat que l’on pourrait qualifier d’éternel : comment intégrer les perceptions quotidiennes et les revendications des populations locales à une étude scientifique qui se veut objective, et plus généralement, comment concilier savoir autochtone et connaissance scientifique ? Les trois mots clés retenus par Inuuteq Holm Olsen, “interact, consult, engage“ forment une piste programmatique. On ne tranchera pas la question en un jour, mais il faut bien commencer. En cela, le dialogue est premier et primordial. La mention des représentants des peuples autochtones dans ces mécanismes de gouvernance de l’Arctique est insuffisante, une véritable co-opération est attendue dans plusieurs secteurs qui affectent leur quotidien. Il est de notre ressort d’en dégager les conditions effectives et pratiques.

ACCESS-AG2013 3-700Le travail se poursuit durant les repas, au cours desquels discussions et échanges sont facilités – © Le Cercle Polaire LCP


S’agissant de la coopération internationale au sein du Conseil Arctique, le spécialiste américain de la gouvernance de l’Arctique Oran Young, professeur à la Bren School of Environmental Science & Management de l’Université de Californie à Santa Barbara, a souligné l’absence de volonté politique au sein du CA de donner à l’Union Européenne un statut d’Observateur Permanent tel que demandé depuis 2008. Selon Oran Young, le CA souhaite entretenir avec l’UE le même type de rapports informels qu’il entretient avec les autres partenaires économiques et industriels impliqués dans le développement de l’Arctique. Si cette position du Conseil Arctique se confirme, il sera important de la prendre en considération dans l’ensemble des travaux menés dans le cadre du WP5. Enfin, Oran Young a tenu à rappeler que les Inuit disposaient comme tous les participants permanents d’ailleurs, au sein du CA d’un pouvoir de consultation. Pour autant, il ne faut pas perdre de vue que le CA est un forum intergouvernemental qui n’est pas doté d’un pouvoir de décision contraignant et de nombreuses déclarations donnent à penser que plusieurs Etats membres du CA souhaitent en rester à une structure de type « soft law ».

Au final, en dépit du faible poids économique, démographique, et politique des communautés autochtones, la question de la participation des minorités autochtones dans le futur système de gouvernance de l’Arctique s’avère une composante essentielle du programme ACCESS.

Alice Besacier-Picard et Stéphane Hergueta


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