Orque

size-killerW-B-male

Cétacés de 4 à 10 m de long

Probablement le cétacé le plus facile à identifier, l’orque sillonne les eaux de l’océan Austral où l’on peut observer 3 formes différentes aux adaptations écologiques très spécifiques – © SH / le Cercle Polaire

 

Orque

Killer whale – Orcinus orca

mâle : 7 à 9,80 m pour 5,5 à 7 T – femelle : 4,5 à 8,50 m pour 2,5 à 4,7 T

très grande dorsale au milieu du corps corps robuste noir et blanc
• haute dorsale triangulaire chez le mâle (jusqu’à 1,80 m) • tâche blanche autour de l’oeil
• larges pectorales arrondies • grande dorsale falciforme chez les femelles et immatures (90 cm)
• gorge, ventre et dessous de la queue blancs • zone claire en arrière de la dorsale (selle) plus ou moins nette

 

orca dives

 

L’orque est la plus grande des espèces de la famille des delphinidés et certainement l’une des plus facile à identifier en mer du fait de sa couleur noir et blanche caractéristique et de sa très grande dorsale. Occupant toutes les mers du globe, à l’exception de la méditérranée orientale, de la mer Noire et de la Baltique, l’orque est le super prédateur de la plupart des écosystèmes marins. Dans l’océan Austral, comme dans le Pacifique nord-est, l’espèce présente différentes formes qui se différencient aussi bien par des caractères morphologiques (coloration, taille, forme de la dorsale), comportementaux (spécialisation dans certains types de proie, taille des groupes familiaux, zones fréquentées…) et génétiques. Trois formes différentes ont été identifiées dans les eaux subantarctiques et antarctiques, respectivement nommées type A, type B et type C. Bien que cela fasse encore l’objet de discussions, ces trois formes sont aujourd’hui considéres comme trois sous-espèces distinctes, le type A correspondant à la sous-espèce hauturière nominale cosmopolite de l’espèce (Orcinus orca orca), alors que les types B et C constitueraient respectivement les sous-espèces Orcinus orca nanus et O. o. glacialis, toutes deux endémiques des eaux australes.

size-killerW-At

size-killerW-Bt

size-killerW-C

 


L’orque de Type A, nettement plus grande, exploite les domaines hauturiers des eaux subantarctiques et antarctiques, au large des glaces dérivantes ; elle ne présente jamais la cape dorsale plus sombre ni la coloration brun-jaune caractéristique des deux autres formes.
L’orque de type B, la plus petite des orques antarctiques (mâle de 6 à 7 m ; femelle jusqu’à 6,4 m), chasse les mammifères marins (phoques et baleines) dans les eaux côtières antarctiques, en particulier de la péninsule jusqu’à la mer de Ross ; elle présente une très grande tâche post-occulaire ovale teintée de brun-jaune comme l’ensemble des zones claires de son corps.
L’orque de type C, de taille intermédiaire (mâle jusqu’à 8 m ; femelle jusqu’à 7 m), est également inféodées aux zones côtières, particulièrement en Antarctique de l’est, où elle capture légines et autres poissons loin à l’intérieur du pack ; sa tâche post occulaire fine et inclinée vers la dorsale et sa robe largement teintée de brun-jaune jusque dans les zones les plus sombres permettent de la différencier des deux autres formes.

 

L’orque de type A fréquente les eaux hauturières subantarctiques et antarctiques en petites troupes de 10 à 20 individus qui n’approchent pas les glaces dérivantes. On la rencontre en particulier autour des îles de l’Archipel Crozet dont la population a perdu la moitié de ses effectifs depuis les années 1980, à mesure que la pêche palengrière à la légine subantarctique se développait. Très opportuniste, l’orque de type A se déplace d’un lieu à l’autre en fonction de la présence de ses proies de prédilection, éléphants de mer et petit rorqual essentiellement.
Plus fréquente en Péninsule antarctique et en mer de Ross, l’orque de type B est une forme côtière qui s’est spécialisée dans la chasse aux mammifères marins (phoques, otaries et baleines), qu’elle capture jusque dans les chenaux d’eau libre ouverts dans la banquise. Il semble qu’une partie au moins de la population d’orque de type B effectue des migrations, cette orque ayant été signalée à plusieurs reprises au large de la Nouvelle Zélande.
L’orque de type C, également côtière mais plus abondante sur les côtes de l’Antarctique oriental, est piscivore et se nourrit essentiellement de légine antarctique et d’autres espèces de poissons vivant le plus souvent sous la banquise. Certains individus ont également été observés au large de la Nouvelle Zélande.
La coloration brun-jaune des formes B et C d’orques antarctiques est dû à la présence d’algues vertes microscopiques, des diatomées, qui se fixent sur la peau de ces cétacés qui passent l’essentiel de leur temps dans les eaux particulièrement riches en plancton couvertes par la banquise.  

 

killer Whale-Fr800Bien que l’on connaisse assez mal l’écologie des trois formes d’orques antarctiques, elles montrent les mêmes caractéristiques générales que les formes plus étudiées de l’hémisphère nord. Hautement sociales, les interactions et la coopération entre individus d’une même troupe sont de règle. Elles émettent également une grande variété de sons et sont très actives en surface (sauts, spy-hopping, coups de queue…). Capable de sonder de 15 à 20 minutes, l’orque respire généralement une douzaine de fois à un rythme de 10 à 35 secondes d’écart, avant de plonger. Asser mauvaise plongeuse, elle ne descend pas en-dessous de 300 mètres de profondeur et ne peut capturer les poissons de fond que sur les plateaux continentaux de faible profondeur.

La maturité sexuelle est atteinte à la taille de 15 m environ, soit le plus souvent à 9 ou 10 ans. Les accouplements, en fin d’automne, font souvent intervenir plusieurs mâles qui peuvent couvrir la même femelle, et durent une heure ou plus ; il semble que la compétition spermatique et la polyandrie soit une composante forte chez cette espèce dont les mâles ont les plus gros testicule du règne animal : 500 kilogrammes chaque. Tous les 2 à 4 ans, entre fin mai et mi-août, les femelles mettent au monde un baleineau de 4,5 à 6 m de long et pesant une tonne, qu’elles allaitent pendant un an. Les baleineaux sont élevés dans des nurseries dont les mâles adultes sont exclus.

Toutefois, l’Orque de type A semble avoir développé en plusieurs endroits des techniques de chasse très particulières adaptées à la capture des éléphants de mer et des otaries losqu’elles viennet à terre pour muer et se reproduire : profitant d’une vague, l’orque s’échoue partiellement sur la plage pour happer sa proie et repart avec le reflu de la vague. Cette technique très risquée, étudiée pour la première fois chez les orques de Crozet par Christophe Guinet (CNRS), est clairement enseignée aux jeunes par les adultes, apprentissage qui nécessite plusieurs années avant que la jeune orque puisse la réussir. Cette technique est également utilisée sur les côtes de l’Argentine pour capturer des otaries.

 


Lire aussi “Orques antarctiques : une spéciation en cours ?”

 

En savoir plus sur les vocalisations des cétacés :

Center for whale Research

Orcasound.net

DOSITS : humpback whale

Whale Acoustics

Centro Interdisciplinare di Bioacustica e Ricerche Ambientali

 


© Le Cercle Polaire 2014 – Tous droits réservé