Abdulaziz Abdullah Laboun

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Géologue • Arabie Saoudite

Bien que l’Arabie Saoudite soit très éloignée de l’Antarctique, ces deux régions présentent de fortes similitudes géologiques et tectoniques

Abdulaziz Abdullah Laboun is a field geologist working on ancient glacial sequences and has discovered Pleistocene glacial deposits in the north western corner of the Arabian Peninsula. A member of the Geological Society of America expedition to the Antarctic Peninsula from late December 2012 to late January 2013, he went back to the Ross Sea in January 2014 to continue his study of the geology of Antarctica.


Avril 2014

L’Antarctique a pour moi une très grande importance en ma qualité de géologue de terrain spécialisé dans les anciens dépôts glaciaires des successions géologiques de la péninsule Arabique, où l’on peut observer des traces d’au moins deux épisodes ou périodes glaciaires au néoprotérozoïque, de deux épisodes glaciaires au paléozoïque (ordovicien inférieur/silurien supérieur et carbonifère inférieur) et d’un autre au pléistocène. J’ai découvert et étudié des roches glaciaires remontant à cette dernière glaciation, celle du pléistocène, auxquelles j’ai consacré plusieurs articles. Ces roches se trouvent dans le quart nord-ouest de l’Arabie saoudite ; il est probable qu’il en existe également dans les hautes montagnes qui bordent la côte orientale de la mer Rouge en Arabie saoudite et au Yémen. J’ai apprécié de pouvoir poursuivre ce travail de terrain dans la péninsule Antarctique et en mer de Ross où les milieux sédimentaires glaciaires récents sont évidents. La glace exerce en règle générale une grande influence sur les roches et leurs caractéristiques de sédimentation. Les glaciers et les icebergs échoués peuvent découper des vallées en U et donner naissance à des pavages glaciaires. Les glaciers façonnent des boulders en les polissant et en les striant. Les glaces charrient depuis le terrain sous-jacent et les montagnes des roches de types, de formes, de tailles et d’origines divers. Avec la fonte des glaces, ces roches sont déposées en vrac à l’avant des glaciers sous forme de tillite. Les roches emportées par les glaces flottantes et les icebergs sont progressivement abandonnées avec la fonte des glaces. Ces roches à grain grossier se mélangent à des sédiments marins à grain fin pour former des diamectites et des dropstones. C’est pour cette raison que j’ai souhaité me rendre dans l’Antarctique afin d’observer ces processus. L’an dernier, lorsque j’ai eu connaissance de l’expédition dans la péninsule Antarctique organisée par la Société de géologie des États-Unis, l’Université Roi Saoud, à laquelle je suis attaché, m’a désigné pour me joindre à cette expédition ainsi qu’à celle prévue en mer de Ross. Lors de celle-ci, j’ai eu la chance de pouvoir visiter la base australienne de Macquarie, la base américaine de McMurdo et la base néo-zélandaise de Scott. Je suis impressionné par les programmes de recherche qui y sont menés. J’ai trouvé ces deux voyages captivants et très stimulants pour l’esprit à bien des égards : géologie, faune sauvage, océanographie, climat, glaciologie, flore, algues, lichens et mousses. Pour des glaciologues, l’Antarctique est un lieu de travail idéal, très propre et où il y a beaucoup à faire. Bien que l’Arabie et l’Antarctique soient très éloignés l’un de l’autre, les deux plaques témoignent d’une histoire tectonique, géologique et volcanique proche. Toutes deux ont fait partie du Gondwana et présentent des épisodes glaciaires analogues, de même qu’une activité sismique, une formation de rifts et un volcanisme synchrones au cénozoïque. Le rift de la mer Rouge qui sépare l’Arabie de l’Afrique et la mer de la Scotia qui sépare l’Amérique du Sud de l’Antarctique se sont formés il y a 25 à 30 millions d’années. La sismicité et le volcanisme ont été actifs sur les deux plaques depuis lors et le sont encore. Les observations géologiques sur le terrain et les études préliminaires réalisées en Arabie et dans l’Antarctique montrent qu’il est probable que l’activité sismique et le volcanisme de ces deux plaques aient été associés au processus de formation de rifts et qu’ils sont remarquablement persistants du début du tertiaire jusqu’à présent. Les deux plaques présentent des caractéristiques générales et une chronologie analogues en termes de remontée du magma pour ce qui est de l’expansion des fonds océaniques et du volcanisme.