Député • France
C’est par la mobilisation de la société civile que nous parviendrons à faire triompher le droit et la sagesse
Noël Mamère est député écologiste, auteur d’un rapport d’information parlementaire sur les enjeux écologiques, économiques et géopolitiques du changement climatique en Arctique et en Antarctique présenté en avril 2015. De retour d’une mission parlementaire dans l’archipel norvégien du Svalbard à l’été 2014, Noël Mamère déclarait : « Les pôles rendent les gens complètement dingues. Quand on va là-bas une fois, on ne peut plus s’en passer ». Ecrivain, réalisateur et homme politique, Noël Mamère entend consacrer une partie des années à venir à la défense et à la promotion de la sanctuarisation des pôles.
En tant qu’écologiste, je m’intéresse depuis longtemps à la problématique des pôles considérés comme les meilleurs marqueurs des effets du réchauffement climatique. En tant que député, j’ai proposé à la commission des Affaires étrangères un rapport sur les effets du réchauffement climatique sur l’Arctique et l’Antarctique.
Avec mon collègue Hervé Gaymard (député LR), nous avons auditionné pendant six mois, nombre d’experts, de scientifiques, de représentants des institutions, de militaires, concernant ces deux zones sensibles. En août 2014, nous nous sommes rendus dans le village scientifique de Ny-Ålesund, dans le Spitzberg, afin de constater sur place les ravages du réchauffement climatique et d’encourager le travail des scientifiques de dix nations, qui constatent les dégâts et tentent de nous alerter sur les dangers menaçant notre planète. Ce rapport a fait l’objet d’une publication par l’Assemblée nationale, recommandant un certain nombre de dispositions, notamment une forme de sanctuarisation de l’Arctique bien difficile à obtenir des pays riverains.
Cette expérience m’a transmis le “virus des pôles” comme à tous ceux qui ont eu l’occasion de découvrir ces territoires extraordinaires. Malheureusement, cette passion des pôles n’a pas franchi les portes de nombreux gouvernements. Je pense en particulier au “réarmement” de l’Arctique par la Russie et aux ambitions chinoises concernant la Route du Nord, libérée par la fonte de la banquise. Ajoutons à cela l’ampleur des réserves de gaz et de pétrole qui attise la convoitise des groupes pétroliers. L’élection de Donald Trump, climatosceptique notoire, renforce encore nos inquiétudes sur le destin de cette partie du monde et, partant, de la planète. Les dernières décisions du président américain visant à augmenter de manière inédite le budget militaire vont évidemment entraîner des réductions drastiques sur les budgets consacrés à la lutte contre le réchauffement climatique.
En ce début de 21e siècle, qui devrait être celui de la prévention des risques, de la fin de l’oléodépendance et de la protection des zones les plus fragiles, jamais la situation n’aura été aussi menaçante pour notre avenir. Chaque jour qui passe nous informe de nouveaux reculs de la banquise, de nouveaux dangers pour les espèces qui vivent sur les pôles, de nouveaux événements climatiques d’une ampleur jamais atteinte jusqu’à ce jour… Et nous continuons à foncer dans le mur en chantant.
Pourtant, les avertissements venus des scientifiques de tous pays, des stations installées aux deux pôles nous disent qu’il y a urgence à agir. Les ONG appellent à la responsabilité des États pour sanctuariser les pôles en faisant abstraction des intérêts à court terme qui sont suicidaires. Pour notre part, en tant qu’écologiste et citoyen engagé, nous participons autant que possible à toutes les initiatives qui vont dans ce sens. C’est par la mobilisation de la société civile que nous parviendrons à faire triompher le droit et la sagesse.
Mars 2017